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Circuit voyage Laponie : traîneau, rennes et aurores boréales par -20°C

Un souffle glacé d’aventure : bienvenue en Laponie

Il y a des destinations qui ne demandent qu’à être vécues en hiver, le vrai. Celui qui saisit les joues, glace les cils et transforme le silence en poème givré. La Laponie, perchée tout là-haut entre la Norvège, la Suède et la Finlande, en fait partie. J’y suis allé pour les aurores boréales, j’y suis resté pour les rennes, les grands espaces et cette sensation unique de marcher dans un tableau figé par le froid.

Quelque part entre rêve polaire et défi thermique, ce périple à -20°C fut aussi dépaysant qu’inoubliable. Voici donc mon carnet de bord d’un circuit au bout du monde, et quelques conseils pour ceux qui rêvent de vivre un hiver sauvage et lumineux.

Premiers pas dans un congélateur géant

Quand on atterrit à Ivalo ou Rovaniemi (selon le point d’entrée dans le Grand Nord), l’air vous saisit dès la sortie de l’avion. Ce n’est pas juste froid, c’est un froid qui claque, qui s’infiltre dans les vêtements et rappelle à chaque inspiration que vous êtes loin de la Côte d’Azur. Il faut bien le dire : par -20°C, chaque geste compte. On apprend vite à s’équiper comme un oignon en version arctique : couche thermique, polaire, doudoune, combinaison, moufles doublées, bottes fourrées, cagoule. Oui, c’est un look… particulier. Mais une fois paré, on est prêt à en prendre plein les mirettes.

Sur les traces des rennes à travers la taïga

Impossible d’évoquer la Laponie sans parler des rennes. Ces animaux majestueux font partie intégrante de la culture sami, peuples autochtones du cercle polaire. Lors de mon circuit, mon guide — un certain Ari, sorte de croisement entre un viking et un chamane — m’a emmené dans un élevage traditionnel de rennes.

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Imaginez une clairière enneigée, bordée de pins givrées, avec une trentaine de rennes tout autour, leurs bois sculptés par la nature eux-mêmes recouverts de givre. On apprend ici à guider un attelage (plus difficile qu’il n’y paraît), et surtout, à s’immerger dans une culture millénaire. Le moment le plus fort ? Partager un café fumant (infusé avec la fumée du feu de bois, un goût unique…) sous un kota, la tente traditionnelle sami, pendant qu’Ari me parlait de la migration des rennes et de la connexion avec les esprits de la nature.

Le frisson d’un raid en traîneau à chiens

S’il y a bien une activité qui résume l’aventure lapone, c’est le traîneau à chiens. Une véritable immersion sensorielle. On ne parle pas ici d’un petit tour autour du chalet, non. C’est un vrai raid, sur plusieurs heures, parfois plusieurs jours. Chaque participant conduit son propre attelage de 4 à 6 huskies, et là, croyez-moi : on fait corps avec la meute.

La première fois que vos chiens s’élancent, c’est un mix d’adrénaline et de bonheur pur. Le froid pique le visage, les patins crissent sur la neige, et la nature défile dans un silence troublant, seulement brisé par la respiration des chiens et le crissement du traîneau. Par -20°C, chaque arrêt est une bénédiction pour se frotter les mains… et offrir une grosse dose de caresses aux huskies qui n’en demandent pas moins.

Conseil de baroudeur : choisissez une sortie en petit groupe, et privilégiez les élevages écoresponsables. Certains chenils pratiquent un tourisme animal plus respectueux qu’il n’y paraît au premier regard. Renseignez-vous, osez poser des questions sur la santé et le bien-être des chiens. Ils vous le rendront au centuple.

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Émerveillement céleste : traquer les aurores boréales

Ah, les aurores… Tout voyage en Laponie s’accompagne de cette quête quasi mystique de lumières dansantes. Et croyez-moi : tant que vous ne l’avez pas vécu, vous ne pouvez pas comprendre cet instant suspendu où le ciel explose en volutes vertes, rose ou violettes.

Cette chasse se prépare : on étudie les indices KP (un bon plan est de suivre les applications comme Aurora Forecast), on s’éloigne des zones lumineuses, on se couche parfois tard… et on attend, emmitouflé, le nez vers le ciel. Lors de ma première nuit claire, c’est en pleine balade en raquettes que le spectacle s’est déclenché. Aucun avertissement, juste une lueur timide… puis une déferlante ondulante qui m’a coupé le souffle. Littéralement.

Petit conseil : emportez un trépied léger si vous aimez la photo, et surtout, savourez le moment sans écran. Certains instants n’ont pas besoin d’être capturés pour marquer une vie.

Vivre l’hiver autrement : immersion totale dans un lodge isolé

Mon point de chute durant ce circuit ? Un petit éco-lodge perdu au milieu de la taïga, accessible uniquement en motoneige l’hiver. Le genre d’endroit où l’on oublie très vite son téléphone, où l’on gagne le luxe rare du silence absolu, troublé uniquement par le crépitement du feu de bois et les chamailleries des mésanges charbonnières sur le rebord de la fenêtre.

On dort dans une cabane cosy, on dîne à la lumière des bougies (pas pour l’ambiance : l’électricité y est limitée !), et l’on profite d’un sauna chauffé au feu de bois avant de courir se jeter dans la neige — une tradition locale qui, je vous l’assure, revigore mieux que n’importe quel café.

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C’est cette slow life polaire qui transforme le voyage en expérience. Tresser un bracelet sami, pêcher sur la glace, écouter les histoires du propriétaire autour d’un feu crépitant. Une invitation au lâcher-prise total, loin des circuits touristiques standardisés.

Et concrètement, on s’y prépare comment ?

Partir en Laponie l’hiver, ce n’est pas une balade improvisée. Quelques indispensables à glisser dans le sac à dos :

  • Sous-vêtements thermiques de qualité : base touchée dès -5°C. En dessous de -15, ils deviennent votre meilleure défense.
  • Crème pour le visage et les lèvres, sans eau : évitez les textures « givrables » !
  • Lampe frontale : les journées sont courtes, l’équipement lumineux n’est pas toujours là où on l’attend.
  • Sac à dos étanche : la neige peut vite faire trempette.
  • Des chaufferettes : vos extrémités vous diront merci.
  • Un maillot de bain : pour le sauna, évidemment !

Un voyage qui marque… et qui interroge

Ce genre de périple, c’est aussi l’occasion de repenser notre rapport au tourisme. Le Grand Nord est fragile. Le réchauffement climatique y est plus rapide qu’ailleurs. Le tourisme de masse pourrait vite déséquilibrer les écosystèmes. En choisissant des prestataires locaux, des hébergements responsables, et en gardant cette touche d’humilité face à une nature aussi puissante, chacun peut contribuer à préserver la magie lapone.

Voyager, ce n’est pas collectionner des cartes postales ; c’est aussi apprendre, comprendre, et parfois, simplement s’émerveiller. J’ai quitté la Laponie avec les doigts engourdis, le sourire gelé… et la promesse de revenir. Parce qu’on ne sort pas indemne d’un face-à-face avec les aurores boréales au cœur d’une nuit polaire, et qu’il y a des silences de neige qui valent mille mots.

Alors, prêt·e à chausser les bottes, enrouler l’écharpe et suivre les pas du vieux Renne blanc ?

Jeff

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