Un désert méconnu, une aventure inoubliable
Imaginez un horizon à perte de vue, des dunes ondulant comme des vagues figées, un silence à la fois paisible et écrasant… Vous êtes en Mauritanie. Ce pays méconnu de l’Afrique de l’Ouest est une pépite souvent oubliée des circuits touristiques traditionnels. Et pourtant, sa combinaison unique de paysages lunaires, de traditions nomades et de l’un des trains les plus impressionnants du monde fait de la Mauritanie une aventure qui vous marque au-delà des cartes postales.
J’y ai posé mon sac pendant deux semaines, dans une parenthèse presque irréelle, entre sable brûlant, thé à la menthe et regards francs. Si vous cherchez un voyage hors des sentiers battus, où chaque jour est une immersion, une leçon d’humilité, et parfois un coup de chaud magistral : suivez-moi, on part en Mauritanie.
Nouakchott, le prélude discret
La capitale de la Mauritanie, Nouakchott, n’a pas l’allure impressionnante des grandes mégapoles africaines. Mais il serait injuste de la zapper. Quelques heures suffisent pour capter son pouls, notamment en flânant au port de pêche. Là, des centaines de pirogues colorées reviennent de la mer, déversant poissons, cris et rires dans une ambiance de cinéma brut. L’odeur est… disons présente, mais l’énergie du lieu est sincère.
Le marché central est un joli maelström de tissus, épices, babouches et téléphones portables — l’Afrique tel qu’on l’aime, dans son bordel magnifique. Mais ne traînez pas trop : le vrai trésor, ici, se trouve bien plus loin, au cœur de l’Adrar.
Chinguetti et l’âme du désert
Chinguetti. Un nom qui vous reste en bouche comme un poème ancien. Ancienne cité caravanière, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, elle semble littéralement ciselée dans le sable. Ses bibliothèques millénaires regorgent encore de manuscrits aux calligraphies d’un autre âge, soigneusement conservés par des familles qui perpétuent ce fragile héritage du savoir islamique.
Accéder à Chinguetti, c’est déjà une aventure. En 4×4, on slalome entre les dunes, les montagnes d’argile rouge et les oueds asséchés. Chaque virage délivre une vue de carte postale, mais version brut de décoffrage. On sent que la région est encore préservée, humble, et profondément liée à ses racines.
Atar, oasis de rencontre
Avant de poursuivre plus loin dans le désert, il faut souvent faire escale à Atar. Petite ville oasis, elle est le point de rencontre des voyageurs, des guides, des chameliers et des amoureux de la Mauritanie. Au marché, on discute sur un tapis en buvant du thé trop sucré, on parle de l’état de la piste vers Ouadane, on échange des bons plans… ou simplement des sourires.
C’est souvent ici qu’on se rend compte que la Mauritanie ne se vit pas en ligne droite : on s’y adapte, on s’y fond, on apprend à prendre le temps. C’est un endroit parfait pour se lier avec un guide local, si ce n’est déjà fait, car dans le désert, mieux vaut ne pas jouer au cowboy tout seul.
Le train du désert : l’acier et le sable
Impossible de parler de Mauritanie sans évoquer l’expérience mythique du train minéralier qui relie Zouérate au port de Nouadhibou, sur près de 700 km. Attention, on ne parle pas ici du Train Bleu ni même du TGV : on parle d’un convoi de plus de 2 km de long, qui transporte du minerai de fer à ciel ouvert.
Et oui, on peut grimper dedans. Gratuitement. À ses risques et périls bien sûr, car il n’y a ni wagon passager, ni siège, ni rambarde. Juste vous, votre sac, du sable noir à vous encrasser les narines, et le sentiment grisants de faire partie d’un road-movie saharien.
Je l’ai pris entre Choum et Nouadhibou. Une expérience brute. La nuit, les étoiles enveloppent le convoi d’une magie rare. Le vent vous fouette, le froid vous mord, et pourtant, un sourire ne vous quitte plus. C’est inconfortable, oui. Mais bordel, c’est puissant.
L’hospitalité nomade, le vrai luxe
En Mauritanie, le luxe ne se mesure pas aux étoiles des hôtels — souvent très spartiate d’ailleurs — mais à la chaleur humaine. Dormir sous la khaïma (la tente traditionnelle des nomades), accueille chez une famille, partager le couscous ou le thé à la menthe autour du feu, c’est là que réside la vraie richesse mauritanienne.
On m’a accueilli dans une petite communauté touareg près de Ouadane. Ils m’ont offert un lit de sable, un pain cuit à même les braises, et des rires simples. Aucun Wi-Fi, évidemment. Et pourtant, je n’ai jamais été aussi connecté à l’essentiel.
La coutume veut que l’on vous offre trois verres de thé. Le premier est fort comme la vie, le second doux comme l’amour, le troisième léger comme la mort. C’est poétique, non ? Et vrai.
Randonnées sahariennes : marcher en poésie
Partir en randonnée dans le désert, c’est une mise à nu. On apprend à ne plus lutter contre les éléments, à avancer lentement, à écouter le vent. Accompagnés de chameliers, on traverse les ergs, les regs et les plateaux rocheux, chaque type de paysage racontant une autre facette du désert.
Les nuits sous les étoiles sont un spectacle silencieux qui force l’humilité. Il y a une sorte de dépouillement qui fait du bien. Le Sahara, ce n’est pas juste du sable. C’est un miroir.
Conseils pratiques pour un voyage en Mauritanie
- Visas : On peut obtenir un visa à l’aéroport de Nouakchott pour une durée de 30 jours. Simple et efficace.
- Sécurité : La situation s’est largement améliorée. Certaines zones sont déconseillées, alors restez sur les circuits recommandés et voyagez avec un guide local.
- Météo : L’hiver est la meilleure saison (novembre à février). Évitez les mois d’été, sauf si cuire à feu doux vous amuse.
- Santé : Emportez crème solaire, gourde filtrante et une pharmacie bien équipée. Le sable a tendance à s’infiltrer… partout.
- Tenue : Par respect pour la culture locale, adoptez une tenue sobre et couvrante, même par grosse chaleur. Et puis franchement, lézarder en boubou, c’est la classe.
Voyager éthique en territoire nomade
La Mauritanie est un territoire fragile, tant au niveau écologique que culturel. Préférez les tour-opérateurs locaux ou les coopératives nomades pour vos treks et séjours. Cela permet de soutenir une économie souvent marginalisée, tout en accédant à une expérience plus authentique.
Évitez les bouteilles plastiques (emportez une gourde filtrante), limitez les déchets et respectez les coutumes locales. Un simple bonjour en hassanya, un geste de reconnaissance, peut ouvrir bien des portes.
Et si c’était ça, la liberté ?
La Mauritanie ne se visite pas. Elle se vit, elle se ressent. Elle vous pousse dans vos retranchements, vous fait ralentir, écouter, contempler. Ce n’est pas le voyage instagrammable au possible. C’est une immersion dans un monde où le téléphone ne capte pas, mais où le cœur, lui, s’ouvre.
Alors si vous croisez ce train perdu dans le désert, ou que le vent chaud fait danser les dunes sous la lumière de fin d’après-midi, prenez un instant. Respirez. Vous êtes exactement là où vous deviez être.
Bienvenue en Mauritanie.
