Le Monténégro, ce petit bout de paradis encore trop discret
Quand on pense Balkans, on pense souvent Croatie, Serbie, peut-être Bosnie-Herzégovine… Et pourtant, niché entre montagnes majestueuses et plages sauvagement belles, le Monténégro attend, presque timide, qu’on vienne le découvrir. Ce pays, grand comme la Bretagne (et encore…), m’a littéralement soufflé par la richesse de ses contrastes et l’accueil sans chichi de ses habitants.
Si vous cherchez une destination où mer cristalline, forêts denses, forteresses vénitiennes et monastères perchés cohabitent en paix, alors préparez-vous, parce que ce qui suit pourrait bien vous donner des envies pressantes de sac à dos…
L’essentiel à savoir avant de partir
Le Monténégro est un ancien joyau de l’ex-Yougoslavie, indépendant depuis 2006. Ils ont adopté l’euro, ce qui simplifie clairement les choses (même si les prix restent assez doux pour un portefeuille occidental). Le pays se parcourt facilement en voiture ou en van, avec des distances raisonnables, même si certaines routes de montagne peuvent transformer un trajet en rallye improvisé.
Les saisons idéales ? Le printemps (mai-juin) et l’automne (septembre-octobre). Vous évitez ainsi la chaleur étouffante et les foules de juillet-août, tout en profitant d’une nature luxuriante et d’un accueil plus détendu.
La côte adriatique : entre villages historiques et mer azur
Commençons par le plus « carte postale » : la côte. Des criques cachées, des maisons en pierre à toits rouges, des ruelles pavées qui sentent bon les plantes aromatiques et… des couchers de soleil qui feraient pleurer un hérisson.
Kotor, la perle des Bouches
Impossible de faire l’impasse sur Kotor. Ce petit bijou niché au fond d’une des plus belles baies d’Europe (voire du monde, parole de baroudeur !) m’a envoûté. Grimpez les 1350 marches (oui, je les ai comptées…) jusqu’à la forteresse Saint-Jean au lever du soleil pour un moment suspendu. L’appel du muezzin (eh oui !) se mêle aux cloches des églises, les voiliers lèvent l’ancre, et la brume se dissipe doucement sur les montagnes tout autour… Magique.
Perast, un tableau vivant
À seulement 15 minutes de Kotor, Perast semble sorti d’un roman de Tolstoï illustré par Monet. Moins touristique, plus tranquille, et tout aussi sublime. Ne manquez pas une virée en barque vers l’île Notre-Dame-du-Rocher pour écouter les légendes locales racontées par les anciens du coin.
Budva et Petrovac : le duo moderne et authentique
Si Budva attire la jeunesse monténégrine grâce à ses festivals et beach clubs, c’est aussi une ville fortifiée au riche passé. De là, filez à Petrovac, plus calme, avec une plage de galets roses et un charme désuet qui évoque l’Italie d’avant le tourisme de masse.
Cap sur l’intérieur du pays : montagnes, lacs et solitude féerique
Vous aimez l’odeur des sapins, le silence des hauts plateaux et les bivouacs sous les étoiles ? Alors attachez votre ceinture (et resserrez vos lacets !), car l’arrière-pays monténégrin a de quoi faire vibrer n’importe quel amoureux de nature.
Durmitor : le royaume des cimes
Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, le parc national du Durmitor est un concentré de décors de fantasy : lacs glaciaires (dont le fabuleux Crno Jezero ou « lac noir »), forêts impénétrables, sommets à plus de 2500 mètres et ponts suspendus entre deux falaises.
J’y ai passé trois jours en rando-bivouac, et j’ai eu l’impression d’être le dernier humain sur Terre. Si vous êtes chanceux, vous croiserez peut-être un lynx ou quelques bouquetins. Attention, les nuits peuvent être froides même en été — ne soyez pas aussi téméraire que moi : mon sac de couchage ultra-light a failli faire de moi un glaçon.
Parc Biogradska Gora : la forêt primaire des Balkans
Beaucoup moins fréquenté que Durmitor, ce parc est une ode à la biodiversité. L’un des derniers vestiges de la forêt primaire européenne ! Une balade autour du lac Biograd est une immersion pure dans une nature préservée, luxuriante et habitée d’un calme rare.
Le canyon de la Tara : frissons garantis
Le deuxième plus grand canyon du monde (après le Grand Canyon, oui oui !) vous attend pour une descente en rafting digne de ce nom. Même pour un amateur comme moi, l’expérience est fun, sûre, et carrément sensationnelle. En plus, l’eau de la Tara est réputée pour être l’une des plus pures d’Europe. Vous pouvez la boire à la louche sans crainte.
Rencontres et culture : traditions au coin du feu
Voyager, c’est aussi écouter les histoires derrière les visages. Ici, chaque vieux berger rencontré au détour d’un sentier avait une anecdote (ou deux shots de rakija) à proposer. Le Monténégro porte avec lui les cicatrices de l’Histoire, mais aussi cette vitalité joyeuse typique des peuples qui savent ce que « vivre » veut dire.
Ne soyez pas surpris si quelqu’un vous invite à boire un café turc sur le bord de la route : refuser serait presque impoli. Et laissez vos plans rigoureux à la frontière : au Monténégro, tout est plus flexible, plus humain. « Polako », comme ils disent ici. Prends ton temps.
Quelques étapes à ne pas manquer hors des sentiers battus
- Cetinje : ancienne capitale royale, petite ville aux musées riches et à l’histoire fascinante.
- Le monastère d’Ostrog : perché à même la falaise, accessible après une montée vertigineuse. Spirituel, impressionnant.
- Lac de Skadar : refuge de pélicans, de pêcheurs du dimanche et de couchers de soleil inoubliables.
- Ulcinj : ville du sud, teintée d’influences albanaises et ottomanes, avec des plages de sable rares dans le pays.
Où dormir : des refuges accessibles aux éco-lodges perchés
L’offre d’hébergement est variée : vous trouverez des auberges de jeunesse super conviviales à Kotor, des campings en pleine montagne à Zabljak (base idéale pour explorer Durmitor), ou encore de charmantes fermes familiales dans les hauteurs de Kolasin.
Depuis quelques années, l’écotourisme a le vent en poupe ici. Plusieurs hébergements misent sur l’énergie solaire, les matériaux locaux et la mise en valeur des traditions. J’ai eu un vrai coup de cœur pour un petit éco-lodge à proximité du lac de Skadar, tenu par une fratrie qui cuisine presque tout elle-même — même leur rakija maison (coup de soleil garanti…).
Écologie et tourisme responsable : voyager plus léger
Le Monténégro fait face, comme beaucoup d’autres, à un dilemme : développer son tourisme sans trahir son authenticité. En tant que voyageurs, on a notre rôle à jouer. Privilégiez les hébergements locaux, évitez les croisières journalières qui envahissent Kotor en été, ramassez vos déchets et soutenez les circuits courts.
Et si vous croisez un berger avec ses moutons en liberté à 2000 mètres d’altitude ? Souriez-lui, parlez-lui. Ce ne sont pas les cartes postales mais ces moments-là que vous garderez dans votre cœur.
Le Monténégro vous attend, discret mais vibrant
Voyager au Monténégro, c’est goûter à ce mélange rare entre majesté brute et douceur de vivre. C’est se réveiller au chant des choucas dans un hameau désert, déguster un poisson grillé les pieds dans l’eau, ou se perdre volontairement entre deux lacets escarpés.
Alors si vous cherchez un coin d’Europe qui échappe encore (au moins un peu) à la grande machine du tourisme, foncez. Ou plutôt, marchez doucement. « Polako », n’oubliez pas ?
