Un voyage au Togo, c’est quoi l’idée ?
Le Togo, c’est ce petit pays d’Afrique de l’Ouest souvent éclipsé par ses voisins plus médiatisés que sont le Ghana, le Bénin ou encore la Côte d’Ivoire. Un bout de terre longiligne et étonnamment riche, coincé entre lagunes, forêts sacrées et plages sauvages. Pour les voyageurs curieux, les amateurs d’expériences authentiques et les explorateurs de traditions oubliées, le Togo est un terrain de jeu insoupçonné. Et croyez-moi, après l’avoir sillonné du nord au sud, des collines de Kpalimé aux villages vaudous d’Aného, ce pays m’a profondément retourné — dans le bon sens du terme.
Premiers pas à Lomé : la chaleur dans les sourires
Tous les chemins mènent à Lomé. Cette capitale à taille humaine vibre d’un mélange déroutant d’effervescence urbaine et de coolitude africaine. Les palmiers, les taxis-motos (zémidjans), les tissus chatoyants du marché central et les échoppes de fruits sont autant d’invitations à ralentir le pas et à observer. C’est là que j’ai goûté mon premier « pâte d’aklui » avec sauce arachide, assis sur un banc en plastique, blague facile avec le cuistot du coin à la clef.
Et ce n’est que le début. Lomé, c’est aussi le marché aux fétiches — une expérience aussi mystique que décoiffante. On y croise des têtes de singes séchées, des crânes d’antilopes et d’étranges poudres à base d’écorce. Ce lieu n’est pas là pour le folklore : il est ancré dans une spiritualité bien vivante, à la croisée du vaudou et des savoirs ancestraux.
Cap au nord : rencontres dans les terres animistes de Koutammakou
Une fois la poussière de Lomé derrière soi, direction le nord pour un voyage dans le temps et dans l’essence même du Togo. Koutammakou, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, est une terre où vivent les Batammariba, un peuple dont les maisons en banco (les takienta) ressemblent à des mini-châteaux de boue sculptés par des architectes de génie. Le genre de truc qui te fait poser ton sac, lever les yeux au ciel et te demander : « Mais pourquoi je n’ai jamais entendu parler de ça avant ? »
Ici, tout est fait à la main, porté à dos ou tressé à l’aube. Les Batammariba sont hospitaliers, fiers et beaux, dans une simplicité désarmante. Par une soirée sous les étoiles, j’ai partagé une calebasse de tchoukoutou (bière artisanale locale) avec le chef du village, pendant que les enfants dansaient autour du feu. On ne parlait pas la même langue, mais parfois les regards suffisent.
Kpalimé : la magie verte
Retour vers le sud, mais pas tout à fait jusqu’à la mer. Kpalimé, perchée dans les collines verdoyantes, c’est le repaire des amoureux de nature et d’artisanat. Cascades discrètes, sentiers troglodytes et jardins tropicaux : la région est un terrain de randonnée fabuleux et offre un air frais bien mérité après l’humidité de la côte.
C’est aussi ici que j’ai pris un cours de batik dans un atelier d’artiste local. À base de cire chaude et de teintures naturelles, ces tissus sont plus qu’un souvenir de voyage : ils racontent des histoires. Et ce qui est beau, c’est que chaque motif a une signification. Le genre de détail que tu précieuses quand tu veux voyager autrement… et durablement.
Immersion vaudou à Aného : entre traditions et transes
Si le vaudou vous intrigue, Aného est un passage obligé. Ancienne capitale coloniale et plaque tournante spirituelle, cette ville côtière est un monde à part. Ici, les rituels ne sont pas des attractions pour touristes, mais des pratiques vivantes, profondément enracinées.
J’ai eu la chance d’assister à une cérémonie vaudou, invité par un prêtre local rencontré par hasard (le charme des rencontres sur la route…). Tambours, danses de possession, invocations aux divinités : l’expérience m’a secoué. Pas de spectacle ici, mais une forme de spiritualité brute, intense, qui ne laisse personne indifférent.
On sent que les forces de la nature et des ancêtres ont encore leur mot à dire. Et que les hommes n’ont pas tout oublié de leurs racines. C’est peut-être ça, l’une des grandes leçons du Togo : écouter ce que la modernité a souvent fait taire.
Repos mérité sur les plages sauvages d’Agbodrafo et de Dzita
Après les marchés, les pistes rouges et les cérémonies sacrées, vient le temps du lâcher prise. Les côtes togolaises sont encore largement préservées du tourisme de masse. À Agbodrafo, entre la lagune et l’océan, j’ai trouvé un petit écolodge tenu par une famille franco-togolaise, au bord d’une plage où seuls les pêcheurs viennent déposer leurs filets à l’aube.
À Dzita, dans la même lignée, certaines guesthouses écoresponsables conjuguent simplicité, confort et engagement social. Douches à l’eau de pluie, cuisine locale, projets solidaires — tout y est. Et le plus beau ? Le silence. Un silence tranché tout au plus par le ressac et les chants d’enfants jouant au ballon pieds nus dans le sable.
Voyager autrement : et si le Togo devenait votre prochain coup de cœur ?
Le Togo n’est pas une destination facile d’accès. Les routes sont parfois chaotiques, les infrastructures encore modestes, l’anglais peu répandu en dehors de Lomé. Et pourtant. C’est justement ce qui en fait toute la beauté : un pays brut, sincère, sans vernis, qui vous renvoie à l’essence même du voyage.
Pour celles et ceux qui cherchent à vivre quelque chose de différent, hors des sentiers battus et des clichés touristiques, le Togo est une pépite discrète. Et avec un peu de préparation, beaucoup de curiosité et encore plus de bienveillance, vous en ressortirez grandi.
Quelques conseils pour un circuit réussi au Togo :
- Se déplacer : Privilégiez les zémidjans en ville et les bus/bush taxis entre les régions. La route entre Lomé et le nord peut être longue : prévoyez des étapes.
- Dormir : Optez pour des petits hôtels locaux ou des écolodges. Plus qu’un lit, vous partagez souvent une histoire.
- Manger local : Le fufu, le pâte, le poisson braisé… la cuisine togolaise mérite qu’on s’y attarde. Et c’est souvent là que les plus belles conversations naissent.
- Respecter les traditions : Avant de photographier un rituel ou un fétiche, demandez la permission. Un simple geste de respect ouvre bien des portes.
- Voyager en conscience : Apportez une gourde, évitez les plastiques à usage unique, soutenez les coopératives artisanales… chaque geste compte.
Le mot de la fin… ou presque
Le Togo est de ces endroits qui ne se livrent pas tout de suite. Il faut apprendre à l’écouter, à le ressentir, à se perdre un peu avant de vraiment le comprendre. Mais une fois qu’il vous adopte, c’est pour de bon. Des sourires d’une sincérité rare, des traditions qui défient le temps et une nature qui n’a pas oublié d’être belle : c’est tout ça, ce petit coin d’Afrique où le voyage devient rencontre, et la route, apprentissage.
Alors, prêt(e) à partir là où personne ne vous attend ?
