Sur la piste du désert : pourquoi la Jordanie séduit autant ?
Il y a des pays qui vous happent dès la première foulée dans le sable. La Jordanie, c’est ça : une captivante traversée entre pierre ocre et hospitalité désarmante. Du souffle millénaire des cités nabatéennes à l’étrange flottement sur les eaux de la mer Morte, le pays vous transporte dans un voyage aussi intérieur qu’extérieur. Et ce n’est pas une formule toute faite, promis !
Je vous emmène ici sur un itinéraire à couper le souffle, entre Petra — joyau du désert, sculptée dans la roche rose — et la mer Morte, miroir salé du ciel. Préparez vos sandales, de l’eau en pagaille, et surtout… vos yeux grands ouverts. Car ici, chaque virage est un retour à l’essentiel.
Amman, porte d’entrée au charme discret
Avant de plonger dans le désert, une escale s’impose dans la capitale. Amman n’a rien de tape-à-l’œil. Et c’est bien ce qui la rend attachante. Dans les ruelles de Jabal al-Weibdeh ou les escaliers couverts de street art descendant vers Downtown, on saisit l’énergie constante d’une ville en mouvement. Ici, on sirote un café turc épais comme un secret de famille, pendant que les appels à la prière tissent une atmosphère unique.
Et pour les curieux (ceux qui aiment fouiller sous la surface), direction le Théâtre Romain, énorme vestige cisaillé à flanc de colline, ou la Citadelle où le temps semble suspendu. C’est le moment de sortir son carnet de notes ou simplement de s’abandonner à l’instant. La Jordanie, c’est aussi apprendre à ralentir.
Direction Petra : quand l’Histoire se taille une entrée monumentale
On a tous en tête cette image mythique : Al-Khazneh, la fameuse « Trésorerie », flamboyante façade gardée par le Siq, ce canyon étroit qui agit comme une scène de théâtre naturelle. Mais Petra, c’est bien plus qu’une carte postale.
Arriver tôt le matin, c’est profiter de la douceur matinale, quand les rayons du soleil jouent avec les couleurs ocres de la roche. La marche devient presque méditative, ponctuée par les pas des ânes et le cliquetis lointain des appareils photo.
Vous avez l’âme d’un randonneur ? Montez jusqu’au Monastère (Ad Deir), un peu en retrait, en gravissant les 800 marches creusées dans la pierre. Là-haut, le silence est roi, seulement troublé par le vent qui ramène les récits antiques. Bonus : au coucher du soleil, Petra devient incandescente. C’est un moment suspendu que les photos ne capturent jamais vraiment.
Le Wadi Rum : immersion martienne 100% terrienne
À quelques heures de route, on bascule dans un autre monde : le Wadi Rum, surnommé « la vallée de la Lune ». Ici, les montagnes surgissent du sable rouge comme des sculptures naturelles. Le silence y est tellement profond qu’on entendrait presque les étoiles grincer au-dessus de nos tentes.
Passer une nuit chez les Bédouins, c’est un passage obligé. Leurs campements en toile sont rustiques mais chaleureux, surtout quand l’infatigable odeur de thé à la sauge flotte dans l’air. Le soir, autour du feu, les récits anciens se mêlent aux rires et au pain cuit sous la cendre.
Pour les amateurs d’aventure :
- Excursion en 4×4 jusqu’aux arches naturelles de Umm Fruth ou Burdah : visuellement, c’est du cinéma live.
- Randonnée au lever du soleil, perché sur une dune, quand les lumières rosées réveillent le désert.
- Bivouac sous les étoiles : à la belle étoile pour les plus téméraires, avec la Voie Lactée pour seule lanterne.
Petit conseil baroudeur : emportez un foulard pour vous protéger du sable et du soleil. Et éclatez-vous sans laisser de trace. Le Wadi Rum, c’est beau précisément parce qu’il reste vierge.
Cap vers l’eau la plus étrange du monde : La Mer Morte
On passe du rouge au bleu. En descendant vers la mer Morte, la route sinueuse révèle des panoramas lunaires, parfois surréalistes. À plus de 430 mètres sous le niveau de la mer, c’est le point le plus bas sur Terre. Un monde à part.
Première sensation : quand vous entrez dans l’eau, votre corps remonte tout seul, comme une bouée humaine. C’est à la fois grisant et… un peu piquant si vous avez de petites coupures. Et croyez-moi, mieux vaut éviter les éclaboussures dans les yeux !
Le rivage semble figé dans le sel. Marcher entre les formations cristallines donne l’impression de fouler une autre planète. Et pour le corps, c’est l’extase : bains de boue, macérats minéraux… vous aurez la peau d’un bébé et les cheveux de retour de spa.
Mais attention à l’aspect écologique. Le niveau de la mer Morte baisse dangereusement d’année en année. Optez pour des hôtels ou complexes peu gourmands en ressources, et évitez les produits cosmétiques issus d’industries non durables.
Astuce du baroudeur écoresponsable
Voyager en Jordanie peut rester doux pour la planète, si on s’y prend bien. Voici quelques pratiques simples à adopter en mode Meeb :
- Choisissez des hébergements responsables : les écolodges du Wadi Rum ou les auberges familiales à Petra sont une bonne alternative aux resorts standardisés.
- Utilisez une gourde filtrante plutôt que d’acheter des bouteilles plastiques. L’eau est souvent potable, ou un bon filtre suffit.
- Soutenez les coopératives locales : en achetant des souvenirs ou en mangeant dans une maison d’hôtes comme à Dana.
- Respectez la faune : ne grimpez pas sans guide, ne nourrissez pas les animaux, et évitez les treks hors des sentiers balisés.
En clair : laissez le désert exactement comme vous l’avez trouvé. C’est aussi ça, l’esprit du voyageur conscient.
Rencontres et hospitalité : la Jordanie, c’est aussi (et surtout) les gens
Oui, les paysages sont époustouflants. Mais ce que je retiens surtout de mon périple, ce sont ces échanges impromptus :
- Un vieux monsieur à Madaba m’offrant un café à la cardamome « parce que tu portes un sac à dos ».
- Une nuit passée à danser dabke avec des étudiants, musique à fond et zeste de liberté dans l’air.
- Un chauffeur de taxi citant des vers de poésie en me déposant à une station-service paumée.
L’hospitalité jordanienne n’est pas une légende. « Ahlan wa sahlan » (bienvenue) n’est pas une formule polie, c’est un vrai credo. Ici, on partage même ce qui manque. C’est une autre leçon de voyage, non ?
Itinéraire conseillé : entre liberté et confort
Le circuit classique dure environ 8 à 10 jours. Voici un exemple de parcours flexible :
- Jour 1-2 : Amman (et Jerash si vous aimez les sites antiques).
- Jour 3 : Route vers Petra en passant par la Route des Rois.
- Jour 4-5 : Visite de Petra (prenez votre temps, vraiment).
- Jour 6 : Wadi Rum en 4×4 et nuit chez les Bédouins.
- Jour 7 : Route vers la mer Morte, arrêt baignade.
- Jour 8 : Retour à Amman ou vol depuis Aqaba si vous poursuivez vers d’autres horizons.
Et pour ceux qui veulent s’offrir un moment suspendu : un jour supplémentaire dans la réserve de Dana, parfaite pour une randonnée entre ciel et terre.
Un dernier mot avant le départ ?
La Jordanie n’est pas une destination à « consommer », mais à apprivoiser. Elle se dévoile à ceux qui voyagent lentement, qui prennent le temps de s’arrêter au bord d’une route pour contempler une chèvre perchée ou discuter avec un vendeur de grenade fraîche.
De la poussière rouge de Petra aux eaux irréelles de la mer Morte, chaque pas raconte une histoire vieille de plusieurs siècles. Et vous, quelle sera la vôtre ?
