Imaginez un matin tiède, le soleil encore paresseux qui étire ses rayons dorés sur les falaises crayeuses, la mer d’un bleu presque irréel en contrebas, et vous, casque sur la tête, lançant votre scooter sur la petite route sinueuse bordée d’oliviers. Bienvenue aux Baléares, ces perles de la Méditerranée où chaque virage promet une crique secrète, une taverne chargée d’odeurs de fruits de mer ou un point de vue à couper le souffle. Entre farniente sur la plage, fiesta maîtrisée et échappées sauvages à deux roues, je vous embarque dans un circuit qui mixe détente, découverte et liberté absolue.
Pourquoi explorer les Baléares en scooter ?
La vraie magie des Baléares, ce n’est pas leur côté carte postale – même si elles en ont tous les atours. C’est cette sensation grisante de liberté qu’on éprouve dès qu’on sort des sentiers battus. Et pour être sincère, rien ne s’y prête mieux qu’un bon vieux scooter. Pas besoin de slalomer entre les embouteillages (surtout en été), encore moins de chercher une place de parking pendant trois jours. En deux roues, vous vous faufilez comme une anguille, filez à votre rythme à travers les paysages ruraux ou le long des corniches côtières, brise dans les cheveux et sourire accroché jusqu’aux oreilles.
Petit bonus non négligeable : le coût. Louer un scooter est beaucoup plus économique qu’une voiture, et souvent plus rapide lorsque les routes se resserrent (ce qui arrive fréquemment sur certaines îles). C’est aussi le moyen rêvé pour accéder aux calas les plus discrètes ou vous arrêter à la volée dès qu’une échoppe locale vous murmure un appel à la gourmandise.
Quel itinéraire pour un circuit scooter aux Baléares ?
Les îles principales – Majorque, Minorque, Ibiza et Formentera – ont chacune leur identité bien marquée. Pour ce circuit, je vous propose un voyage de 10 jours, entre criques turquoise, ruelles blanchies à la chaux, routes abruptes et tapas fondantes à l’ombre des bougainvilliers.
Majorque : La grande sœur avec du caractère
Commencez par Majorque, l’île la plus vaste (et parfois la plus méconnue, malgré sa popularité). Je m’y suis perdu plus d’une fois, et c’est souvent là que la magie opère.
- Palma, la capitale, est un bon point de départ. Louez votre scooter, visitez la Catedral de Santa María au lever du soleil (moins de touristes, plus de calme), puis perdez-vous dans l’ancien quartier de Sa Gerreria, entre bars de quartier et galeries locales.
- Mettez ensuite cap au nord-ouest vers la Serra de Tramuntana. Route sinueuse, panoramas dantesques et petits villages comme Valldemossa ou Deià : prévoyez pas mal d’arrêts – vous comprendrez vite pourquoi.
- Récompense ultime en fin de journée : un plouf dans la cala Tuent, discrète, sauvage, sans chichi. Le genre d’endroit où les locaux viennent encore pique-niquer en famille.
Astuce de baroudeur : évitez les grands axes. Privilégiez les routes secondaires en direction de l’est, vers Artà et Capdepera, où de minuscules criques comme Cala Mesquida vous attendent, souvent avec très peu de monde.
Minorque : douce et sauvage
Majorque vous a mis dans l’ambiance ? C’est le moment de ralentir. Minorque, sa voisine plus discrète, offre un tout autre visage : plus verte, plus préservée, résolument plus tranquille. Ici, le temps s’étire et les plages se méritent.
La location de scooter sur l’île est encore plus judicieuses que sur Majorque : l’ensemble du réseau est relativement réduit et chaque chemin semble inviter à l’exploration. Depuis Ciutadella, ville charmante au centre historique piéton et pastel, filez vers :
- Cala Macarella et Cala Macarelleta, les sœurs jumelles d’un bleu azur irréel. Préférez les matinées pour vous y rendre, le sentier est sublime mais exposé.
- Envie d’original ? La Cala Pregonda, au nord, tranche totalement avec le reste de l’île : eau cristalline entourée de roches rouges, ambiance martienne garantie.
- Pause culturelle ? Ne manquez pas un détour par Torralba d’en Salord, un site talayotique mystérieux, monument mégalithique qui évoque (presque) un Game of Thrones local.
Pas besoin d’aller vite ici. L’île est compacte, la vie y coule lentement. La gentillesse des habitants, les spécialités fromagères (le fromage de Mahón, un délice), et les couchers de soleil depuis le phare de Punta Nati forgent des souvenirs doux comme une brise marine.
Ibiza : l’autre visage de la fête
Non, Ibiza n’est pas qu’un dancefloor géant. C’est une île double face. Celle que je vous recommande de découvrir en scooter, c’est l’Ibiza de l’intérieur – essence méditerranéenne, champs d’amandiers et pentes douces.
Basez-vous à Santa Gertrudis de Fruitera, village bohème au charme fou. Puis, en route pour :
- Es Vedrà, cet îlot mystique au large de la côte sud-ouest. Prenez de la hauteur pour craquer devant l’un des meilleurs spots de sunset des Baléares.
- Cala d’Hort ou Cala Xarraca, parfaites pour piquer une tête et refaire le monde autour d’un poisson grillé.
- Les marchés hippies comme Las Dalias à San Carlos : incontournable si vous aimez chiner local et papoter avec les artisans pieds nus et sourire aux lèvres.
Et pour les amateurs du genre, oui, vous pouvez toujours vous offrir une soirée animée côté Ibiza by night. Promis, le lendemain, une citronnade bien fraîche sur une terrasse ombragée fera le job.
Formentera : la petite sœur secrète
Accessible uniquement en ferry depuis Ibiza, Formentera est LA récompense ultime. Pas de route rapide, pas de building, juste des plages de sable fin, des chemins sablonneux et cette lumière blanche si caractéristique. Un sanctuaire à explorer sur deux roues, bien sûr !
- Commencez par Playa de Ses Illetes – certes célèbre, mais incontournable. Une étendue digne des Caraïbes… en Méditerranée.
- Descendez ensuite vers Es Caló de Sant Agustí, petit ancien village de pêcheurs figé dans le temps, idéal pour un déjeuner les pieds dans l’eau.
- Les amateurs de panoramas adoreront le phare de Cap de Barbaria au sud. Moi, j’y ai écrit trois pages de carnet tant le lieu invite à la réflexion.
À Formentera, on ralentit, on respire et, surtout, on respecte. L’île applique des règles strictes pour préserver son écosystème. Bouteilles réutilisables, tri des déchets, pas de traces sur le sable. Un paradis, ça se mérite.
Mes conseils de baroudeur pour ce circuit
- Louez local : les agences de scooters gérées par des habitants offrent souvent de meilleurs prix et un service plus humain.
- Emportez un antivol : ça paraît bête, mais les scooters sont légers, et les vols ne sont pas inexistants.
- Pack minimal pour le sac à dos : crème solaire, maillot de bain, pare-vent léger… et appareil photo, évidemment !
- Pensez écotourisme : éviter les plastiques à usage unique, choisir des hébergements durables, consommer local… chaque geste compte pour préserver la beauté de ces îles.
La beauté d’un voyage aux Baléares, ce n’est pas seulement la couleur de l’eau ou l’odeur des pins chauds. C’est d’avoir l’impression d’être un peu chez soi dans un coin oublié, de vivre au rythme des insulaires, de s’arrêter n’importe où juste parce que c’est beau, juste parce que c’est là. Sur un scooter, le voyage prend une autre dimension : celle de la proximité, de la spontanéité… et de la brise sur la nuque.
Alors accrochez bien votre casque, gonflez les pneus et laissez-vous porter. Aux Baléares, chaque détour a son lot de promesses. Et souvent, la plus belle surprise, c’est celle qu’on ne cherchait pas.
