Lisbonne, où tout commence comme une carte postale
Si le Portugal était une chanson, Lisbonne en serait le refrain entêtant. En foulant le pavé irrégulier de l’Alfama, à peine descendu du mythique tramway 28 en grinçant à chaque virage, on comprend vite que cette ville a le goût du fado, le sens du détail et l’âme d’un vieux marin.
Mon conseil de baroudeur ? Oublie Google Maps, et laisse-toi porter par les ruelles en pente où le linge suspendu danse au vent. Chaque coin de rue te sert une vue sur le Tage ou une façade recouverte d’azulejos somptueux – ces carreaux de faïence dont les motifs bleus racontent des siècles d’histoire et de poésie.
Pause obligatoire chez Pastéis de Belém, là où naissent les légendaires pastéis de nata. Oui, ce sont les originaux, toujours tièdes, croquants à l’extérieur, crémeux dedans. Ajoute une pointe de cannelle, ferme les yeux… Tu comprendras pourquoi le Portugal a élevé la pâtisserie au rang de religion nationale.
Sintra, un conte de fées perché dans la brume
À moins d’une heure de Lisbonne, Sintra se dessine entre châteaux capricieux et forêts impénétrables. Moi, j’y suis allé pour quelques heures, j’y suis resté deux jours — happé comme dans un rêve éveillé.
Le Palais de Pena, avec ses airs de château Playmobil géant, trône au sommet de la Serra, rayonnant de couleurs vives même sous la brume typique de la région. Le parc alentour est digne d’un film de Miyazaki : fougères géantes, arbres venus d’ailleurs, et cette sensation d’avoir quitté la réalité…
À faire absolument : se perdre dans la Quinta da Regaleira, un manoir gothique tapissé de symboles ésotériques, avec son célèbre puits initiatique en spirale. Ne me demande pas pourquoi, mais j’y ai croisé un moine capucin et un couple en tenue médiévale – Sintra ne fait jamais les choses à moitié.
Porto, l’âme du nord en bouteille… de vin
Porto, c’est Lisbonne avec un caractère plus brut. Moins lissé, plus intense. Ici, les rives du Douro et les ponts métalliques dessinent une ville qui sent le vin et l’eau salée. La Ribeira est une carte postale vivante, entre balcons fleuris, vieux pêcheurs qui pontifient sur le bord et les cris des mouettes qui t’accompagnent de terrasse en terrasse.
Impossible de parler de Porto sans évoquer les fameuses caves de vin de Porto de l’autre côté du pont Dom-Luís. J’ai goûté un tawny de 20 ans chez Graham’s, dans une salle en bois poli où le temps semble suspendu. Et puis, ce coucher de soleil depuis le jardin des Caves Sandeman… Tu vois ces instants où tu te dis « là, je suis exactement à ma place » ? C’en était un.
Fan de marche et de vues vertigineuses ? Grimpe jusqu’à la Torre dos Clérigos pour apercevoir toute la ville ondulante. Et si tu veux manger comme un local, oublie les restaurants touristiques : file vers la rue Santa Catarina, trouve une tasca qui ne paie pas de mine, commande une francesinha. C’est dégoulinant, c’est costaud… et c’est tout le nord en une assiette.
La vallée du Douro : entre vignes suspendues et navigations lentes
Prendre la route qui serpente de Porto vers Peso da Régua, c’est comme feuilleter un carnet de voyage dessiné à la main. Les vignes en terrasse descendent jusqu’aux rives calmes du Douro, les villages sont encore marqués par le temps, et les quinta, ces domaines viticoles traditionnels, t’invitent à déguster sans chichi (mais avec un accent charmant).
Un des plus beaux souvenirs de ce périple : un trajet en bateau entre Pinhão et Tua, sur une barque en bois lentement portée par le courant. Pas un bruit si ce n’est le clapotis de l’eau, le bruissement des feuilles, et cette paix intérieure que seuls les grands espaces t’offrent.
Envie de voir ça sans polluer ? Je recommande de prendre le train régional : la ligne Porto-Pocinho longe le Douro, et chaque virage t’offre un tableau vivant. Fenêtre ouverte, cheveux au vent, et un sandwich au chorizo local dans les mains : c’est pas ça, le bonheur simple ?
Les secrets de l’Alentejo : loin des foules, proche de l’âme
Si tu cherches à t’extraire de la frénésie touristique, direction plein sud, là où le Portugal devient lent, beige, et intensément authentique : bienvenue dans l’Alentejo. Collines dorées, oliviers noueux, villages suspendus dans le temps… Ici, tout te pousse à ralentir.
J’ai séjourné à Évora, ville musée classée au patrimoine mondial, avec son temple romain, ses ruelles silencieuses et… son inquiétante Capela dos Ossos (la chapelle faite d’os humains, oui, tu as bien lu). Mais l’ambiance qui règne ici tient plus du rêve d’été que du frisson gothique.
À ne pas manquer : les villages blancs perchés comme Marvão ou Monsaraz. Ils semblent dessinés à l’aquarelle, et offrent les plus beaux couchers de soleil sur des plaines à perte de vue. Et pour les amoureux de gastronomie rustique, l’Alentejo, c’est l’invitation à goûter à la migas (un plat à base de pain émietté et ail), arrosée d’un vin rouge râblé, et servie avec un accent qui chante.
L’Algarve hors des sentiers battus
L’Algarve, c’est souvent l’image de plages bondées, de resorts bétonnés et d’Anglais en tongs. Mais creuse un peu plus (et roule un peu plus loin), et tu découvriras un tout autre visage : sauvage, sincère, grandiose.
Mon crush ? La côte ouest, entre Odeceixe et Carrapateira. Des falaises battues par l’Atlantique, des sentiers de rando qui longent des panoramas démesurés, et des surfeurs locaux qui partagent la plage avec des vaches… Ici, c’est l’Algarve des initiés.
Le soir, je me suis posé dans une auberge écoresponsable à Aljezur, où les voyageurs partagent couscous vegan et histoires de vagues autour d’un feu de camp. Autant te dire que je n’étais pas pressé de partir.
Quelques conseils de baroudeur pour ton circuit portugais
- Prépare-toi à marcher : Le Portugal, surtout Lisbonne et Porto, c’est des pentes. De vraies. Prévois une bonne paire de chaussures et laisse tomber les tongs (sauf à la plage).
- Goûte local, goûte souvent : Entre la morue sous toutes ses formes, les vins régionaux, et les douceurs comme les travesseiros de Sintra, ton palais va te remercier.
- Évite la haute saison (juillet-août) : Beaucoup trop de monde à mon goût. Préfère le printemps ou l’automne pour profiter du beau temps et de la sérénité.
- Privilégie les transports écoresponsables : Le Portugal se découvre très bien en train, en bus régional, et même à vélo (dans le sud notamment). Moins de carbone, plus d’horizons.
- Sois curieux, pas pressé : Le Portugal n’est pas à cocher sur une liste mais à ressentir. Prends le temps d’écouter un vieux monsieur dans un café t’expliquer le meilleur chemin vers la plage. Parfois, c’est là que les vrais souvenirs se tissent.
Le Portugal, une vibration à chaque pas
Voyager au Portugal, c’est accepter de se laisser surprendre par la simplicité magnifique du quotidien : un café bu dans un kiosque ombragé, un visage ridé qui vous salue d’un « bom dia », ou une chanson de fado qui s’élève d’un balcon au crépuscule. C’est un pays qui ne cherche pas à t’épater – il te parle doucement, il te touche, il s’imprime en toi.
Et toi, quand est-ce que tu pars admirer les azulejos en vrai ?