Le royaume du contraste : bienvenue au Maroc
Il y a des voyages qui laissent des empreintes plus profondes que d’autres. Le Maroc en fait partie. Imaginez : des sommets enneigés des montagnes de l’Atlas aux dunes brûlantes du Sahara, en passant par des médinas labyrinthiques et des villages suspendus dans le temps. Le tout parfumé à la fleur d’oranger et ponctué, bien sûr, d’une bonne dose de thé à la menthe. C’est ce genre de tableau vivant que l’on explore quand on traverse le Maroc lors d’un circuit du nord au sud, ou plus précisément, de l’Atlas au désert.
Ce voyage, je l’ai vécu sac au dos, sandales poussiéreuses et carnet de notes à la main, entre randonnées épiques, nuits étoilées et fou-rires partagés autour d’un tajine brûlant. Allez, je vous embarque ?
Premiers pas à Marrakech : frissons sous les lanternes
Impossible de faire l’impasse sur Marrakech en débarquant au Maroc. Même si la « Ville Rouge » est connue, elle reste un inépuisable terrain de jeu – et d’émotions. Dès les premiers instants, la médina vous aspire dans son tourbillon d’épices, de klaxons, de vendeurs de cuir et de charmeurs de serpents. C’est foisonnant, bouillonnant, parfois épuisant… mais profondément vivant.
Un conseil si vous arrivez fraîchement de l’aéroport : commencez calmement. Une bonne terrasse sur la place Jemaa el-Fna, un verre de thé bien sucré, et laissez-vous happer doucement par la magie. À la tombée de la nuit, la place se transforme en théâtre vivant, entre effluves de brochettes, tambours gnawa et danseurs improvisés.
L’Atlas : montagnes majestueuses et villages suspendus
Depuis Marrakech, cap vers les hauteurs. En quelques heures de route à travers des paysages arides et volcaniques, nous voilà devant l’imposante barrière de l’Atlas, vaste colonne vertébrale du Maroc. C’est un autre monde, où la rudesse du climat a forgé le caractère des Amazighs (les Berbères) et sculpté des vallées d’une beauté brute.
Le Haut Atlas, particulièrement, est un terrain de jeu rêvé pour les trekkeurs. Mon passage par le djebel Toubkal (le plus haut sommet d’Afrique du Nord) reste un moment fort. Pas besoin d’être un alpiniste confirmé, mais un bon souffle et un amour pour les paysages lunaires vous aideront. Et puis il y a les villages berbères, comme Imlil ou Tizi Oussem, où l’on dort chez l’habitant, assis sur de vieux tapis à siroter un énième verre de thé, tout en écoutant les contes des anciens. Des instants suspendus.
De l’Atlas à Aït Ben Haddou : la route des Kasbahs
On quitte les montagnes pour s’enfoncer vers le sud-est, en empruntant l’incroyable route du col Tizi n’Tichka. En zigzaguant entre les canyons et les plateaux rocheux, on comprend vite pourquoi les réalisateurs hollywoodiens ont un faible pour ce décor. Après deux ou trois dos d’âne « surprise » (prévoyez une suspension décente si vous êtes en voiture !), me voilà devant Aït Ben Haddou.
Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, ce ksar semble figé dans le temps : des murs en pisé couleur ocre, un labyrinthe de ruelles étroites, et des vues à couper le souffle sur l’oued en contrebas. Croisé un jeune local qui m’a guidé jusqu’à son toit familial — rien de mieux pour admirer le coucher du soleil en toute tranquillité, loin de l’agitation des groupes de touristes. Petit moment d’éternité.
La vallée du Dadès et les gorges du Todgha : les canyons marocains
En descendant vers l’est, on entre dans la région des Mille Kasbahs. Les vallées du Dadès et du Todgha rivalisent de beauté, entre cultures en terrasses, formations géologiques étranges (les fameux « doigts de singe ») et oasis insoupçonnées. Ici, la lumière joue avec la roche, et chaque virage de la route offre une nouvelle carte postale.
Coup de cœur pour les gorges du Todgha, véritable cathédrale minérale où les parois s’élèvent à plus de 150 m de haut. Idéal pour une pause rando ou escalade, ou simplement pour s’asseoir avec un jus d’orange fraîchement pressé, les pieds dans l’eau.
Cap plein sud : Merzouga et les dunes dorées de l’Erg Chebbi
Et soudain, le désert. Le vrai, celui qui résonne dans les rêves d’enfance – dunes majestueuses, silence infini et sable à perte de vue. Merzouga, petite bourgade aux portes de l’erg Chebbi, est le point de départ idéal pour une incursion dans le Sahara marocain.
Ici, plusieurs options : bivouac en tente berbère, randonnée chamelière (avec Fatima, ma chamelle du jour), ou virée en 4×4 pour les plus pressés. Mais si vous pouvez, restez deux nuits. Vivez le coucher de soleil depuis une dune, laissez-vous hypnotiser par les tambours sous les étoiles, et réveillez-vous au son lointain du vent sur le sable. Loin de tout, et pourtant si pleinement là.
Une pause thé ? Plus qu’une boisson, un rituel marocain
Impossible de parler du Maroc sans évoquer cet élixir national : le thé à la menthe. Que ce soit sur un rooftop à Fès, dans une kasbah à Skoura ou entre deux tentes dans l’erg Chegaga, il est toujours là, servi avec lenteur, générosité et un savoir-faire bien rôdé.
Pour les non-initiés : ici le thé, c’est un cérémonial. La théière voyage de main en main, le sucre coule à flots (attention les diabétiques), et plus on le verse de haut, plus il mousse, meilleur il est. Perso, j’en ai bu des litres, et si vous me demandez ce que j’ai préféré, je dirais celui partagé, à la tombée du jour, avec un vieux chamelier qui m’a raconté la légende du désert qui chante. Poésie pure.
Conseils pratiques pour un circuit de l’Atlas au désert
- Période idéale : Le printemps (mars à mai) et l’automne (septembre à novembre) sont les moments les plus doux pour ce type de circuit. Évitez l’été, surtout pour le désert, sauf si vous aimez cuire à l’étouffée.
- Transport : Louer une voiture est possible, mais attention aux routes sinueuses et aux conducteurs créatifs. Les agences locales proposent des circuits tout compris, souvent plus sereins.
- Hébergement : Entre riads traditionnels, kasbahs rénovées et bivouacs dans le désert, le choix est vaste. Privilégiez les hébergements écoresponsables quand c’est possible.
- Sac à dos malin : N’oubliez pas votre foulard (utile contre la poussière et le soleil), une polaire pour les nuits fraîches, et une gourde réutilisable (l’eau du désert le mérite !).
- Respect culturel : Le Maroc est un pays accueillant mais conservateur. Habillez-vous de manière adaptée, souriez beaucoup, et apprenez deux-trois mots d’arabe ou d’amazigh — ça ouvre des portes inattendues.
Et maintenant ? L’âme pleine, les pieds sablonneux
Ce que ce circuit m’a appris — au-delà des kilomètres parcourus — c’est que le Maroc est une terre de contrastes fascinants. C’est un pays qui vous bouscule, vous émerveille et vous ramène à l’essentiel : la chaleur humaine, la lenteur du voyage, et le goût du partage.
Alors si vous rêvez d’un voyage qui fait vibrer tous les sens, foncez. L’Atlas vous attend, les dunes aussi… et le prochain thé à la menthe ne se boira jamais seul.
Et vous, si vous deviez partir demain, vous commenceriez par la montagne ou le désert ?
